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Haute Savoie

« Je préfère être lesbienne et heureuse, qu’hétérosexuelle et malheureuse »

A bientôt 25 ans, Bilamé est une une blogueuse pertinente et influenceuse qui revendique sa visibilité en tant que lesbienne. A l’occasion de la journée mondiale qui leur est consacrée chaque 26 avril, elle prend la parole avec énergie et humour pour déconstruire les préjugés. Portrait.

Dans la vraie vie Bilamé, alias Mélanie Gire, est « aussi folle » que dans ses vidéos ! C’est elle qui le dit et comment ne pas la croire lorsqu’elle commence à vous parler d’elle, de son engagement associatif, militant, féministe, queer et surtout en tant que lesbienne ? De grands éclats de rire ponctuent ses phrases.

Sur ses réseaux sociaux, Facebook, Instagram et Tik Tok, sa signature est claire : « Parlons peu, parlons lesbien, la lesbienne qui dit tout haut ce que tu penses tout bas« . L’humour c’est l’arme fatale de Bilamé. Sa récompense ? Que celles (et ceux) qui la suivent sur internet puisse se dire : « Ah, elle je peux lui parler, elle est comme moi« .

Heureusement il y avait « The L Word » à la télévision

Pourtant la jeune lesbienne fière de qui elle est, n’a pas toujours été aussi droite dans ses bottes. Originaire de la région annécienne, elle n’a pas vraiment eu de repère LGBT+ dans son enfance puis adolescence. « Il y avait très peu de représentation en dehors de la norme hétérosexuelle. Même à la télévision ! Heureusement il y avait ‘The L Word’« . Avec un L majuscule pour « Love » et « Lesbian« . Cette série américaine iconique décrit la vie et les amours d’un groupe de femmes lesbiennes ou bisexuelles, de personnes transgenres et de leur entourage dans le quartier de West Hollywood, à Los Angeles.

Je ne pouvais pas savoir qui j’étais vraiment !

Bilamé

« Dans ma famille on ne parle pas de sexe. L’hétérosexualité, c’est la norme et les LGBT+ n’étaient pas les bienvenus… C’était ça le modèle qu’on me renvoyait. » Difficile dans ces conditions d’imaginer pouvoir être différente : « je ne pouvais pas savoir qui j’étais vraiment ! »

« J’ai fait mon coming-out très tard, en 2018« . La force de caractère de cette jeune femme est telle qu’on a du mal à croire que c’est seulement à 22 ans que cette information si importante finalement pour elle est rendue publique aux yeux de tous. Cela ne sera pourtant pas sans conséquences. « Aujourd’hui je n’ai plus de père et je ne parle plus à mon frère« .

« Si Harry Potter nous a bien appris un truc c’est que ça ne sert à rien de rester dans un placard« 

Désormais, plus question de nier sa personnalité, ses amours, ses plaisirs. Après avoir ouvert un groupe Facebook « LGBTQ+ Annecy et alentours » en 2019, Mélanie, qui deviendra bientôt Bilamé sur les réseaux sociaux, crée une micro-entreprise : Queer Gaies. Son but est de réunir l’ensemble de la communauté LGBT+ de Haute-Savoie lors d’évènements culturels et festifs. Un succès !

Une activité professionnelle dans l’événementiel qui la conforte dans son rapport aux autres, à la société et lui assure une place à part entière en tant que lesbienne. Une place qu’elle a choisie de rendre visible. « Tout le monde ne peut pas le faire comme moi. Alors j’essaie de dire et redire qu’il faut casser les codes, casser les préjugés. »

« Toutes les lesbiennes ne sont pas androgynes, il y a autant de variétés chez nous que chez les hétéro« . Pas évident de déconstruire une image. Aujourd’hui encore quand vous tapez le mot « lesbienne » associé à un autre adjectif comme « jeune, noire ou asiatique » sur Google, le moteur de recherche vous propose d’abord des liens vers des sites pornographiques destinés aux hommes hétérosexuels.

Une visibilité assumée

C’est aussi pour lutter contre toutes les LGBTphobies et bien sûr la lesbophobie que Bilamé a décidé d’être publique avec ses vidéos. Une forme de militantisme qu’elle revendique. Même si cela n’est pas sans risque. « Va crever salle P., on va te retrouver ! » Voilà le type de menace qu’elle peut recevoir en commentaire de ses publications.

Des fois j’ai envie d’arrêter. Même si j’ai une grosse carapace, ça peut déstabiliser.

Bilamé

Elle l’avoue d’ailleurs, notre influenceuse de choc, combattante et fière de l’être, est parfois profondément blessée par la violence des messages qu’elle reçoit. « Des fois j’ai envie d’arrêter. Même si j’ai une grosse carapace, ça peut déstabiliser. » Alors il lui arrive de ne pas lire les commentaires, pour ne pas être atteinte.

Rien pourtant ne lui aurait fait rater la journée mondiale de la visibilité lesbienne. A l’avant-veille du Jour-J, Bilamé était à Lyon avec près d’un millier de personne pour un rassemblement de la fierté lesbienne. « Une première entre filles » pour celle qui a participé à une marche des fiertés, pour la première fois, il y a seulement deux ans. C’était sans compter des militants d’ultra-droite, une cinquantaine d’individus, qui ont tenté d’empêcher la manifestation. Des projectiles lancés d’un côté et des gaz lacrymogène de la part de la police pour disperser les agresseurs, la fête est gâchée.

Bilamé à Lyon pour le rassemblement de la fierté lesbienne, samedi 24 avril 2021
Bilamé à Lyon pour le rassemblement de la fierté lesbienne, samedi 24 avril 2021

© Bilamé

Ce n’est pas ça qui va faire reculer la militante, membre de l’association AIDES. D’autant que le 26 avril est une date chargée en émotions. C’est ce jour-là qu’elle est devenue « Bilamé », en 2020. Même si elle a commencé à mettre en ligne ses premières vidéos quelques jours avant. Alors cette journée mondiale est un peu son anniversaire.

Le 26 avril, c’est d’abord l’occasion de revendiquer pour les droits des lesbiennes. « Aujourd’hui la PMA doit-être remboursée intégralement pour toutes les femmes. » Il faut savoir qu’une aide médicale à la procréation coûte en Espagne près de 6000 euros.

Autre revendication pour notre jeune influenceuse, faire baisser le délai d’adoption du parent non biologique. « Si je meurs en couche demain, explique Bilamé, mon enfant ne reviendra pas automatiquement à ma femme« . Construire une famille, avoir un enfant est aussi un rêve qu’elle espère réaliser un jour.

Alors surtout ne venez pas lui dire que son militantisme fait d’elle une hystérique. « Je ne le savais pas mais hystérique a la même racine qu’utérus. Ce mot a été créé par des hommes. Il est pensé comme une insulte patriarcale. Je ne le prononce jamais ! »

Si je dérange les hommes cis qui ont besoin d’assouvir leur pouvoir parce qu’ils ont un pénis entre les jambes, ce n’est pas mon problème.

Bilamé

Est-elle trop ou pas assez militante ? « On est jamais trop ou pas assez ! Chacune a sa façon d’agir. Je suis queer et féministe. Si je dérange les hommes cis qui ont besoin d’assouvir leur pouvoir parce qu’ils ont un pénis entre les jambes, ce n’est pas mon problème. » A sa manière, avec énormément d’humour et de légèreté, mais en étant aussi caustique, cash et même crue, Bilamé déconstruit l’image qu’on veut coller aux lesbiennes.

« Suivez-moi sur mes réseaux »

N’ayez pas peur, elle a aussi des amis gays, « et même quelques hétéros« . Mais si elle devait adresser un message à l’occasion de la journée mondiale de la visibilité lesbienne, ce serait : « suivez-moi ! » Et si elle éclate de rire, c’est pour mieux expliquer le fond de sa pensée. « Parfois dans la vie on peut avoir des moments compliqués, douter de soi. Mais il ne faut pas. Il faut aller au bout de ses rêves, ses ambitions. »

Bilamé l’affiche, elle préfère être lesbienne et heureuse, qu’hétérosexuelle et malheureuse. Mais elle sait aussi que tout n’est pas figé, l’orientation sexuelle peut aussi évoluer.  « Le principal c’est de ne jamais s’enfermer dans des cases. » Pour s’accepter il faut se faire confiance, c’est une leçon qu’elle espère partager avec le plus grand nombre. Oui il existe des représentations de lesbiennes heureuses. Nul doute qu’elle en est une. Une authentique rôle modèle.

 

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